Musée des Confluences : des lycéens dans la peau des dirigeants pour sauver le climat
Le Musée des Confluences invite les lycéens du territoire à un jeu de rôle pour enrayer le changement climatique. À la place des dirigeants d’un pays, ils doivent réfléchir à un accord afin de limiter le réchauffement de la planète. Comme lors des vraies COP sur le climat.
Sensibiliser les lycéens au climat
L’appropriation du thème commence par une visite de l’exposition « Espèces, la maille du vivant » au Musée des Confluences. Les lycéens visiteurs sont plongés au plus près de la relation qu’entretient l’Homme avec son environnement et comprennent son impact grandissant sur la biodiversité. « Notre objectif initial est de présenter la planète comme un bien commun, explique Sylvie Boucherat, chargée de médiation au Musée des Confluences. Les élèves doivent percevoir la complexité des enjeux climatiques qui nécessite de sortir d’une vision à l’échelle des nations. »
La visite, point de départ pour comprendre
Mi-janvier, c’était justement au tour des élèves du lycée Diderot La Martinière (Lyon) de visiter l’exposition, mais aussi l’auditorium où ils vont officier quelques mois plus tard. Explications sur l’origine et l’architecture du bâtiment étaient aussi au programme. Une occasion de faire découvrir un lieu où certains venaient pour la première fois, et peut-être de susciter l’envie d’y revenir.
Un projet pédagogique sur une année scolaire
Les classes viennent plusieurs fois au musée et travaillent la question toute l’année en classe, en SVT, en Histoire ou en SES. « Une formation des équipes enseignantes au musée est le point de départ d’un travail soutenu en classe, note Sylvie Boucherat. Nous remettons aux professeurs des outils pédagogiques conçus en partenariat avec l’ENS et les professeurs relais du musée. » La majeure partie du projet commence ainsi : les élèves représentent les pays, par petits groupes. Se mettre dans la peau du Maroc, de la Chine ou de l’Union Européenne, comprendre l’histoire de la nation, son rapport avec le climat, ses enjeux économiques. Et travailler un argumentaire pour défendre une cause collective, le climat, sans omettre l’intérêt propre au pays. Une réalité qui n’est jamais la même d’un pays à l’autre, les états les plus développés (et donc les plus industrialisés, c’est à dire ceux qui contribuent le plus au réchauffement climatique) ayant souvent plus de mal à inscrire les objectifs de réduction du réchauffement climatique dans leurs lois nationales.
Pour finir, une COP en mai, comme en vrai !
Au mois de mai 2019, les 10 classes se retrouveront dans l’auditorium du Musée des Confluences pour simuler une COP (2 classes par jour durant cinq jours). L’aboutissement d’un travail d’une année, durant laquelle les élèves vont se prendre au jeu et interpréter les personnages : le président, le secrétaire, les ambassadeurs mais aussi les journalistes, qui seront chargés de faire la retranscription de l’évènement auprès de leurs camarades de retour au lycée. L’enjeu est « fictif » : trouver un accord pour limiter la hausse de température moyenne mondiale à +2°C d’ici la fin du siècle. Sylvie Boucherat note toutefois que « lorsqu’ils pénètrent dans l’hémicycle du musée, on sent qu’ils prennent leur rôle très à cœur. Ils ont des badges, un drapeau et ils incarnent à merveille le pays qu’ils représentent. »
Le Musée des Confluences s’engage
Pourquoi une telle implication du musée dans la question climatique ? Pour Sylvie Boucherat, « ce projet, à la confluence de nombreuses disciplines, a du sens pour le musée » Et de détailler : « Au départ, nous avions proposé les simulations de COP à un public adulte. Puis l’idée nous est venue naturellement d’adapter l’approche aux scolaires. » Et le résultat est visiblement au rendez-vous. « Ils s’impliquent vraiment en négociant entre pays et en imaginant des compromis, ce qui est notamment le rôle des ambassadeurs lorsqu’ils vont à la rencontre des délégations des autres pays. Et ils comprennent vite que les promesses de réductions de gaz à effet de serre ne sont pas simples à tenir. Les représentants des pays en voie de développement peuvent alors demander des subventions aux nations les plus riches pour les aider à envisager une transition énergétique. Tout est une question d’aide et d’échanges entre les pays. Et ça, ils l’ont bien compris. »
Dix établissements scolaires sélectionnés
Proposé par le Musée des Confluences pour la troisième année consécutive, ce projet sur les enjeux climatiques est réalisé en partenariat avec l’Ecole Normale Supérieure (via notamment l’Institut Français d’Éducation) et la délégation académique aux arts et à la culture au sein du rectorat. C’est ensemble qu’ils ont sélectionné les dix établissements amenés à prendre part au projet tout au long de l’année scolaire. Les lycéens de seconde sont ainsi issus du territoire de la Métropole (Saint Genis Laval, Lyon, Villeurbanne, Neuville-sur-Saône) mais pas seulement puisqu’ils viennent aussi d’Ambérieu-en-Bugey, Villefranche-sur-Saône ou encore Firminy.
Une simulation pour agir concrètement à l’avenir
Même si les COP du Musée des Confluences n’accouchent d’aucune décision concrète pour le climat, l’essentiel est ailleurs : dans la capacité du Musée d’avoir su, au fil des années, former des ambassadeurs du climat. D’avoir fait prendre conscience à ces jeunes lycéens de l’importance du respect de la planète. Et d’avoir sensibilisé les générations de demain à l’urgente nécessité d’agir dès maintenant.
Témoignage de Corinne Perret-Thomas, professeur de SVT au lycée Martinière-Diderot
« Nous avons eu connaissance du projet mené par le Musée car ils en ont fait l’écho auprès de notre établissement. J’ai souhaité postuler car le réchauffement climatique est au programme des classes de seconde, et parce que la démarche peut aussi être bénéfique pour notre lycée, en cours de labellisation E3D (démarche de développement durable). Ce projet est aussi très intéressant car il a une vocation bilingue et internationale. Il propose quelque chose de différent aux élèves, de manière pluridisciplinaire puisque je travaille en lien étroit avec une documentaliste et une professeure d’histoire-géo. De plus, le côté simulation/jeu de rôle est une vraie innovation pédagogique et le débat avec d’autres classes va responsabiliser les élèves. La visite du musée est le point de départ de la réflexion, là où ils prennent conscience que la biodiversité est en réduction, à cause du réchauffement climatique. »
Témoignage de Selma, élève en classe de seconde
« Ce projet et cette visite sont une excellente opportunité de mieux comprendre le climat et peu de classes ont la chance de faire partie de ce type de programme. Personnellement, le climat est une cause qui me tient à cœur, j’y suis sensible car je sais que la planète souffre. Et si on continue comme ça, nos futurs enfants ne pourront pas vivre comme nous. Il faut jouer notre rôle à fond et améliorer nos comportements pour changer ce qui peut encore l’être. »