Général

Le 5 juin, les équipes de la Métropole sont allées se rendre compte sur le terrain des mesures engagées par l’association Sylv’acctes. Au sud de l’Isère, deux forêts se font face : le massif de Bonnevaux et celui des Chambarans. Au carrefour de Grenoble, Lyon et Valence, ces forêts commencent à sentir une pression croissante depuis que le bois a le vent en poupe. Comment repenser la gestion traditionnelle ?

Vue sur le massif des Chambarans (33 000 hectares de forêt à 86% privée) depuis le massif de Bonnevaux (28 000 hectares à 90% privée).
Vue sur le massif des Chambarans (33 000 hectares de forêt à 86% privée) depuis le massif de Bonnevaux (28 000 hectares, à 90% privés). 60 hectares de la forêt de Chamabaran sont engagés dans Sylv’acctes depuis 3 ans,  une partie du massif de Bonnevaux va rejoindre le dispositif.

Le bois, ça pousse tout seul ?

Les forêts sont en croissance mais celà ne veut pas dire qu’elles sont gérées durablement : dans ce secteur, les « coupes rases » sont encore fréquentes. Or elles sont de moins en moins tolérées par les habitants car elles dégradent le paysage, ont des impacts négatifs de tassement et d’érosion du sol et de destruction de la biodiversité. Soutenue depuis sa création par la Métropole, l’association Sylv’acctes intervient sur ces forêts pour améliorer leur gestion. L’objectif? Faire en sorte que les forêts de la région, qui connaissent une pression croissante du fait de la demande de bois-énergie et de bois d’oeuvre pour la construction, puissent assurer l’approvisionnement des territoires tout en favorisant le stockage du carbone et la biodiversité. Or, il n’est pas simple d’agir collectivement car la forêt appartient à de nombreux propriétaires, qui parfois ont même oublié qu’ils possédaient une parcelle… Sylv’acctes agit avec les acteurs locaux pour monter des programmes de travaux collectifs et améliorer peu à peu la qualité des forêts.

A l'orée de la forêt de Bonnevaux-bas dauphiné, une coupe récente a permis d'extraire des arbres pour faire des piquets de clôture (au premier plan)  et du bois-énergie avec les troncs mons intéressants (le camion viendra déchiqueter le bois sir place)
A l’orée de la forêt de Bonnevaux-bas dauphiné, une coupe récente a permis d’extraire des arbres pour faire des piquets de clôture (au premier plan) et du bois-énergie avec les troncs moins intéressants (au second plan, le camion viendra déchiqueter le bois sur place).

Irrégulière mais belle 

La parcelle vient d'être éclaircie : les branches sont laissées au sol pour conserver les sels minéraux, les robinier, frênes, merisers, acacias présentent un bon potentiel
La parcelle est éclaircie pour permettre aux « arbres d’avenir » de se développer.

 

 

Jean-René, expert forestier dans le massif de Bonnevaux, nous présente la méthode choisie pour gérée une parcelle privée. « La méthode traditionnelle sur cette forêt était de couper tous les 15 ans, pour faire des piquets ou du bois de chauffage. C’est ce qu’on appelle le taillis (les branches repoussent depuis les troncs coupés). Je vais faire en sorte qu’on laisse pousser des arbres de plusieurs âges, pouvant fournir du bois de haute qualité (comme le chêne) en plus des produits traditionnels. On appelle ça la futaie (grands arbres) irrégulière (car les arbres sont de taille variée). »

Ici, la parcelle vient d’être éclaircie : les branches sont laissées au sol car elles contiennent des sels minéraux. Une forêt naturelle comporte 20% de bois mort au sol, celà lui permet de se régénérer.

Les arbres de la futaie sont jeunes et pourront servir pour la construction : robiniers, frênes, merisiers, acacias, chataigners… les plus beaux sont identifiés par l’expert forestier.

 

 

 

 

Agir plus souvent mais plus légèrement 

Le principe de la gestion durable est d’intervenir sur la forêt plus régulièrement, tous les 5 à 6 ans. On repère les jeunes arbres d’avenir, comme les chênes, que l’on va aider à se développer jusqu’à 60 à 80 ans. Au fur et à mesure de la croissance, on prélève régulièrement du bois pour différentes applications (dont le bois-énergie). Les travaux de dégagement, de détourage ou d’élagage sont plus légers que lorsque l’on doit planter une forêt sur un terrain nu : le coût moyen avoisine les 1000€/hectare, alors qu’une reforestation coûte 4000 à 5000€/hectare. Avec le même budget, on peut donc gérer de plus grandes surfaces de forêt dans des conditions favorables à la biodiversité.

Bruno, technicien de l’Office National des Forêts en charge de cette forêt communale, explique : « on a aussi un argument économique à mieux gérer les forêts, ici 2% du bois vendu est destiné au bois d’oeuvre et il apporte 17% des recettes. Passer à 20% de bois d’oeuvre permettrait de tripler les recettes de la commune. » Cela vaut donc le coup d’être patient…

Parcours d'un chêne d'avenir : de gauche à droite, l'arbre est repérée et sélectionné quand il sort de terre, puis on défriche tous les 5 ans pour permettre son développement, lui permettant d'atteindre, à 18 ans, la cime de la forêt. Il lui restera encore à gagner en épaisseur pendant de nombreuses années...
Parcours d’un chêne d’avenir : de gauche à droite, l’arbre est repérée et sélectionné quand il sort de terre, puis on défriche tous les 5 ans pour permettre son développement, lui permettant d’atteindre, à 18 ans, la cime de la forêt. Il lui restera encore à gagner en épaisseur pendant de nombreuses années…

Sur ce territoire, Sylv’acctes finance les travaux qui ne sont pas rémunérateurs, c’est-à-dire dans les premières années de mise en place de la futaie irrégulière et où aucun bois n’est fourni. A partir du moment où la forêt pourra être entretenue grâce à la vente du bois, l’association se retirera. Loïc de Sylv’acctes complète « le prix du bois actuel ne permet pas de gérer la forêt durablement. Mais si on ne fait qu’augmenter le prix, ce n’est pas une solution car les exploitants iront chercher des forêts moins accessibles mais pourront toujours faire des coupes rases. On a besoin d’accompagner la mise en place de pratiques de gestion durable ».

Une fois de plus, accompagner les changements d’habitudes est une des clés (tiens! c’est l’action 3 du plan climat).

Un refuge pour la biodiversité

Saurez-vous repérer le crapaud dissimulé sur cette image ?
Saurez-vous repérer le crapaud dissimulé sur cette image ?

 

Comment s’assurer que la biodiversité retrouvera ses marques ? On ne va pas compter les espèces mais on s’assure que les conditions sont favorables : présence d’arbres-patrimoniaux (de vieux arbres laissés sur pied pour accueillir différents insectes ou oiseaux), multiples strates de végétation pour servir d’abris, diversité d’essences d’arbre…

La méthode a été développée par sylv’acctes et son conseil scientifique, auquel participe plusieurs associations environnementales. 

 

 

 

Cet arbre patrimonial est laissé en place : en effet, certains insectes sont exigents : ils ne s'installent que sur les arbres de plus de 40 cm de diamètre !
Cet arbre patrimonial est laissé en place. En effet, certains insectes, comme le lucane cerf-volant ou le grand capricorne, sont exigeants : ils ne s’installent que dans les troncs de plus de 40 cm de diamètre !

Retour au quotidien

Cette visite révèle une temporalité qui nous dépasse : le plan climat estime les besoins de son territoire et les conditions climatiques à horizon 2030 et 2050. Celà vous paraît lointain ? Pour les gestionnaires de forêt, c’est bien le minimum de perspective à avoir pour pouvoir « jardiner » les forêts de demain. Pour adapter les essences aux conditions climatiques, les choix se font bien aujourd’hui. Les forêts de résineux plantées dans les années 70 (épicea, douglas, sapin), inspirées des pratiques du nord de l’Europe, sont aujourd’hui en difficultés sous nos latitudes. 70% des épicéas du sud de la Drôme dépérissent, pour ces massifs la diversification sera une question de survie.

Penser la forêt nécessite forcément un petit saut dans le futur.

Pour en savoir plus 

Retrouvez les différents territoires de projets de l’association Sylv’acctes, ainsi que l’activité de l’Office National des Forêts qui gère les forêts publiques.

 

 

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